La recette est simple et sa mise en œuvre dépend en grande partie du salarié accompagné. La réussite d’une Sortie Positive (SP) réside dans la motivation du bénéficiaire. Cette motivation intrinsèque est celle qui nous fait nous lever le matin, qui nous pousse à agir, à entreprendre*. Cette motivation, dans un accompagnement de bénéficiaire, il faut aller la chercher, en comprendre l’origine, car c’est sur elle que reposent tous les efforts et le sens donné à l’action future.
Un accompagnement en SP débute par une bonne compréhension de la situation générale du bénéficiaire. C’est ce que l’on appelle, dans le champ de l’insertion et de l’accompagnement : la réalisation d’un « entretien diagnostic ». Ce rendez-vous correspond au fait de balayer à 360° la situation du salarié. On aborde des thèmes à la fois personnels (situation de logement, gestion du budget, mobilité, disponibilités horaires pour l’emploi et, dans notre cas à l’ANRH de Nantes, les recommandations de la Médecine du travail en lien avec le handicap) et bien sûr le projet professionnel du bénéficiaire, s’il en a un. Cet échange est essentiel, car il permet de comprendre le travail nécessaire pour lever les freins périphériques à l’emploi avant même de devoir parler de SP en tant que tel.
Le prochain rendez-vous sera axé sur la connaissance du passé professionnel du salarié : on (re)travaille sur le CV. C’est durant ce rendez-vous que je questionne le salarié sur le projet professionnel envisagé et la motivation liée à ce projet. Je m’interroge sur le sens donné à ce projet, sur sa faisabilité en termes de compétences professionnelles acquises ou transférables, sur le marché de l’emploi actuel dans notre bassin d’emploi et l’employabilité associée, ainsi que sur les besoins éventuels en formation. Les rendez-vous suivants aborderont les phases classiques de préparation à l’emploi : travail sur la lettre de motivation, l’entretien d’embauche, la posture attendue lors des visites d’entreprise et des stages, et quelques clés d’accès à l’emploi.
Un autre rendez-vous important et qui concerne la réorientation professionnelle des salariés en CDI à l’ANRH : le rendez-vous tripartite de « développement des compétences ». Il est réalisé en présence du salarié, de son encadrant et de la chargée d’insertion. Rien de mieux que de s’appuyer sur les retours des professionnels de terrain pour bien connaître les atouts et points d’amélioration du salarié, tant sur son savoir-être que sur ses compétences professionnelles et le lien au handicap. Autant d’éléments précieux qui permettront de valoriser le salarié auprès des futurs employeurs et de leur montrer son véritable talent, compatible avec le fonctionnement de leur entreprise. Car c’est là la plus-value du poste de chargée d’insertion : faire le lien entre le salarié, peu adepte des entretiens d’embauche et des démarches de prise de contact avec les employeurs, et ces derniers. Quand on accompagne un salarié en SP, on le prépare à l’étape finale qu’est l’entretien d’embauche.
En tant que chargé(e) d’insertion, on s’emploie, en amont, à visiter des entreprises et à échanger avec les employeurs sur leurs besoins en recrutement. On recherche des entreprises qui emploient pour le poste visé par le salarié et on questionne. La visite d’entreprise est un premier levier pour cet échange. C’est l’occasion de découvrir de nouvelles activités et structures, et de se projeter avec les salariés que l’on accompagne au sein de ces entreprises. On questionne l’employeur sur les possibilités d’adaptation du poste et on défend le profil du salarié si l’on pense qu’il peut correspondre aux attentes. On questionne également sur le degré de maturité de l’entreprise en lien avec le handicap, car à l’ANRH, nous avons l’ambition des SP, certes, mais dans un environnement bienveillant et sécurisant pour le salarié. Le bien-être du salarié au travail, à travers le relationnel en entreprise, est essentiel. On s’interroge aussi sur les possibilités d’évolution ou de formation au sein de l’entreprise, ainsi que sur la sécurisation du parcours du salarié. Les chargé(e)s d’insertion sont un intermédiaire rassurant pour l’entreprise, car l’accueil des personnes en situation de handicap est encore mal connu et peu démocratisé.
L’objectif final des visites est la demande de réalisation d’un stage en entreprise, un outil d’insertion idéal pour que l’employeur se rende compte de lui-même du savoir-être du salarié, de ses compétences professionnelles et savoirs acquis, ainsi que de l’adaptation du poste au handicap, si nécessaire. Le salarié peut, quant à lui, tester sa mobilité, le relationnel au sein de l’entreprise, ses compétences professionnelles acquises, la cadence de production et sa capacité à y répondre, et bien sûr, l’adaptation du poste à son handicap. Positif ou négatif, le bilan de stage permet d’avancer dans la réflexion individuelle car :
✔ Ça y est, le salarié se rend compte qu’il est capable de se réaliser en dehors de l’ANRH.
✔ Ça y est, il comprend que changer de lieu de travail, rencontrer de nouvelles personnes, ça fait peur au début, car c’est l’inconnu, mais que finalement ça se passe bien.
✔ Ça y est, il comprend qu’il est précieux et peut apporter à d’autres.
Ça y est, le salarié s’est mis en mouvement et ouvre de nouveaux horizons.
Forts de ces retours, cela devient tout de suite plus facile d’avancer dans l’accompagnement en SP.
Comme dans tout accompagnement, il y a des hauts et des bas et le chemin peut être long. On pourrait se croire perdu et sans ressources à certains moments, mais la persévérance paye. Le salarié doit puiser dans ses ressources pour s’adapter et rebondir. En tant qu’accompagnant, il faut accepter ces moments de fluctuations, se relancer et démarcher les entreprises, pour qu’à un moment donné, on voie l’aboutissement de toutes ces recherches. C’est un chemin, une aventure avec soi-même et les autres.
Le salarié, sa motivation et sa détermination à vouloir se concrétiser ailleurs et à se donner les moyens pour le faire sont LA clé de la réussite. Il ne faut donc jamais perdre espoir. Chacun a sa place dans notre société, avec ou sans handicap, et quel que soit le handicap… alors croyez-y vous aussi si vous souhaitez vous réorienter professionnellement !