Il y a deux ans, jour pour jour, notre pays était plongé dans l’incertitude, traversant une crise sanitaire sans précédent ; mais aussi une épreuve économique, sociale et psychologique éprouvante pour des millions de Français. L’adversité, comme de tous temps, aura au moins eu cette vertu : nous acculer au questionnement, nous inciter à reconsidérer l’essentiel. A l’échelle tant individuelle, voire intime, que collective.
Il y a deux ans, jour pour jour, quatre-vingt-dix dirigeants de premier plan signaient une tribune en ce sens.
Sous l’égide de Jean-Laurent Bonnafé, Administrateur Directeur général de BNP Paribas, ils appelaient à une relance « verte et inclusive », souhaitant que les aides publiques soient fléchées sur les enjeux de la transition écologique, et attribuées « avec un souci encore plus affirmé de la justice sociale ». Ils appelaient également à « une mobilisation de l’intelligence collective » pour préparer le monde d’après, avec « des changements de comportements, de consommation et de modes de vie », et « des transformations dans nos façons de produire et nos modèles d’affaires », pour « une prospérité humaine, économique et sociale ».
Tous les décideurs économiques majeurs parlant d’une même voix, et appelant à jouer collectif : un formidable espoir, que nous saluons à nouveau. Deux ans après, la situation actuelle tout aussi complexe ne doit pas faire oublier cet élan, car les enjeux sont exacerbés : nous lançons un appel pour mettre en œuvre, ensemble, de nouvelles solutions.
Car notre secteur, l’Economie Sociale et Solidaire, a répondu à ce défi. Nous avons su utiliser cette période pour bâtir des projets répondant aux enjeux d’une production, d’une consommation et de modes de vie à moindre impact environnemental, tout en préparant les compétences nouvelles liées à ces évolutions. Précisément, voilà deux ans que fécondent et se façonnent, dans tous nos groupes associatifs, des projets visant à exploiter ces « gisements d’emplois verts » au service de l’insertion des populations que nous accompagnons. Ces projets se traduisent à présent en propositions de valeurs, et n’auront d’impact que s’ils mobilisent, à nos côtés, des coalitions d’entreprises prêtes à soutenir ces changements positifs. Nous sommes à la disposition des signataires de cette tribune – dont beaucoup sont des clients de longue date de l’ANRH, essentiels à notre mission sociale – pour enclencher avec eux ces nouveaux projets durables.
A titre d’exemple, arrêtons-nous un instant sur l’une des filières métiers « vertes et inclusives » que nous avons créée, celle de réparateur de cycles ; l’enjeu des mobilités décarbonées, notamment pour les trajets du quotidien domicile/travail, étant essentiel à la transition, et pouvant créer des dizaines de milliers d’emplois dans les dix prochaines années. Nous formons spécifiquement des personnes handicapées à ce métier, durant un parcours sur mesure pour leur insertion ou réinsertion future, avec un fort accompagnement, tant socio-psychologique que professionnel. Pour le financement de ces actions, il nous faut impérativement du « business » lié à ces nouveaux métiers. Ce pourquoi nous proposons aux entreprises des contrats pour l’entretien des vélos de leurs salariés – ce qui, du reste, répond à leurs obligations liées à la loi LOM de 2020. C’est un exemple parmi tant d’autres, mais il a le mérite d’illustrer la nécessité d’une mobilisation collective, pour rendre viables et pérennes ces nouvelles ambitions.
Autre exemple : nous faisons monter en gamme notre outil industriel, pour répondre aux besoins des entreprises qui voudraient favoriser les ressources françaises et les outils de proximité. Pour répondre aux enjeux de relocalisation des grands groupes, notamment de la pharmacie et des dispositifs médicaux, nous équipons nos sites industriels de « salles blanches », grâce à une subvention de la Région Ile-de-France. Cela nous permet de répondre avec agilité à des besoins de sous-traitance, et de créer un grand nombre d’emplois inclusifs. Nous sommes prêts à concrétiser l'ambition des entreprises soucieuses de relocaliser durablement !
Sur de très nombreuses autres problématiques environnementales, nous devons co-construire des solutions locales et inclusives avec les dirigeants signataires et leurs équipes, et de manière plus large avec les entreprises qui souhaiteraient se joindre à cette ambition. La suite est entre leurs mains, entre nos mains.